Bonjour,
Le résultat du second tour des élections municipales au Brésil confirme celui du premier tour : recul significatif des partisans de Jair Bolsonaro, seuls deux des 13 candidats encore en lice soutenus par le président ont été élus. Mais c’est aussi une cuisante défaite pour le Parti des Travailleurs. Pour la première fois depuis le retour de la démocratie en 1985, en effet, plus aucune capitale d’État n’est contrôlée par le PT. Pour cette formation de gauche, la défaite est amère. Le PT de Lula était à la tête de 630 municipalités en 2012, et encore de 256 après les élections de 2016, même en pleine tourmente du scandale de corruption « Lava-Jato », il ne lui reste plus que 183 mairies à administrer dans tout le pays.
Les grands vainqueurs de ce scrutin sont les partis de centre-droite, avec en tête le PSDB social-démocrate de l’ex-président Fernando Henrique Cardoso, suivi des élus du DEM auquel appartient le président de l’Assemblée nationale Rodrigo Maia. C’est aussi le DEM qui a fait élire Eduardo Paes maire de Rio de Janeiro qui bat largement le candidat sortant, l’évangéliste Marcelo Crivella. Eduardo Paes va ainsi gouverner la seconde ville du Brésil pour la troisième fois, il a déjà été préfet de Rio de Janeiro de 2008 à 2012 et de 2012 à 2016.
Ces résultats semblent être alignés avec ce qui s’est passé quelques semaines plus tôt aux États-Unis, la défaite de Donald Trump face à Joe Biden et en Bolivie avec le retour au pouvoir des partisans d’Evo Morales, évincé par un coup d’État de droite il y a deux ans. Il est encore trop tôt pour conclure que cela marque la fin des extrémismes en Amérique du Nord et du Sud, mais un retour vers des politiques plus centristes paraît s’amorcer. Le risque, notamment au Brésil, c’est de voir à nouveau des politiciens traînant des réputations de favoritisme se refaire de la sorte une virginité alors que certains d’entre eux sont toujours sous le coup d’enquêtes pour des pratiques de corruption.
Autre scrutin, autre résultat.
Moins encourageant, les Suisses ont finalement rejeté l’initiative constitutionnelle dite « pour des entreprises responsables » qui demandait que les multinationales ayant leur siège en Suisse puissent être jugées en Suisse pour des délits contre les droits de l’homme et l’environnement commis n’importe où dans le monde.
50,7 % des votants ont glissé un « oui » dans les urnes, une petite majorité, donc, mais plus de la moitié des 26 cantons l’ont refusée. En Suisse, il faut cette double majorité pour modifier un article de la Constitution. C’est donc une défaite pour la société civile qui s’était largement mobilisée pour soutenir cette initiative, mais une défaite relative puisque seule la majorité des cantons n’a pas été au rendez-vous. La dernière fois qu’une telle situation d’acceptation par le peuple d’une proposition de loi, rejetée par les cantons, c’était il y a 65 ans. C’était le 13 mars 1955, avec l’initiative populaire concernant la protection des locataires et des consommateurs, acceptée par 50,2 % des votants, mais rejetée par 13 cantons et quatre demi-cantons sur 26.
Ce sont les petits cantons de Suisse centrale qui ont fait la différence, toutes les grandes villes du pays ont plébiscité l’initiative pour des entreprises responsables. Désormais, c’est le contre-projet des autorités fédérales qui va entrer en vigueur, un contre-projet exigeant seulement d’informer sur les violations, mais ne prévoyant pas de sanctions contre les auteurs. Un projet vide de sens pour les partisans de l’initiative qui ne désarment pas pour autant. L’Union européenne, en effet, réfléchit à adopter elle aussi des dispositions allant dans le sens de l’initiative, ce qui pourrait obliger les multinationales ayant leur siège en Suisse à s’adapter et le gouvernement à revoir éventuellement sa copie. On a déjà vu, lors de la polémique sur le secret bancaire, que la pression internationale avait fait bouger les lignes en Helvétie.
Votre commentaire