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Le 29 novembre prochain, les Suisses vont voter pour dire s’ils approuvent l’initiative dite « Pour des multinationales responsables ». Elle introduirait une nouvelle disposition dans la Constitution obligeant les entreprises suisses ou étrangères dont le siège ou une annexe du siège se trouve en Suisse à contrôler leurs activités, celles de leurs filiales et l’ensemble de leurs relations d’affaire dans le monde « afin qu’elles respectent, également à l’étranger, les droits de l’homme internationalement reconnus et les normes environnementales internationales. » Si cette disposition est acceptée, elle aura des effets sur le déboisement en Amazonie brésilienne.

La Suisse abrite le siège de nombreuses multinationales de l’agro-commerce, à commencer par Syngenta pour l’agrochimie, Nestlé, Glencore ou Cargill pour l’agro-négoce, Cargill qui opère tout son commerce du grain et des oléagineux depuis Genève. Les grandes banques helvétiques ne sont pas en reste : Crédit suisse, UBS, mais également les banques cantonales et même la Banque nationale suisse font partie des actionnaires de ces multinationales. Leur implication est donc engagée dans l’agro-industrie au Brésil. La pression exercée par ce secteur sur la déforestation en Amazonie est avérée. Enfin, il est devenu évident que la politique du gouvernement Bolsonaro est plus que dommageable pour la forêt au Brésil, son administration ayant modifié autant qu’elle le pouvait les lois environnementales pour rendre l’Amazonie « productive. »

Je vous propose ci-dessous une analyse paru dans la newsletter en langue espagnole de The Conversation, « Le Brésil de Bolsonaro brûle : contexte global d’un désastre écologique ». C’est un dossier rédigé par Daniel García García, professeur d’écologie à l’université d’Oviedo (Espagne) et Alexander Vicente Christianini, professeur d’écologie à l’université de Sao Carlos au Brésil. Il ne révèle rien de très nouveau sur le front de la destruction de l’Amazonie mais synthétise bien les enjeux et les effets de la destruction de la couverture végétale au Brésil sur le reste du monde. Il prouve surtout l’impérieuse nécessité de réglementer la pratique des multinationales de l’agro-industrie dans cette région si l’on veut éviter une catastrophe climatique planétaire.

Que demande exactement l’initiative « Multinationales responsables » ?

  1. les entreprises doivent respecter, également à l’étranger, les droits de l’homme internationalement reconnus et les normes environnementales internationales ; elles doivent veiller à ce que ces droits et ces normes soient également respectés par les entreprises qu’elles contrôlent. (…)

  2. Elles doivent prendre des mesures appropriées en vue de prévenir toute violation des droits de l’homme internationalement reconnus et des normes environnementales internationales, mettre fin aux violations existantes et rendre compte des mesures prises ; ces obligations s’appliquent aux entreprises contrôlées ainsi qu’à l’ensemble des relations d’affaires.

  3. les entreprises sont également responsables du dommage causé par les entreprises qu’elles contrôlent (…) dans l’accomplissement de leur activité ; elles ne le sont pas (…) si elles prouvent qu’elles ont fait preuve de toute la diligence prévue (…) ou que leur diligence n’a pas empêché le dommage de se produire.

Contrairement à ce que prétendent les opposants, en cas d’acceptation, la Suisse ne ferait pas cavalier seul. La France, L’Allemagne, l’Angleterre, les Pays-Bas, et l’Autriche ont également inscrit la responsabilité des entreprises dans leurs législations.