Sur les bords du Rio Negro, à deux heures de voyage de Manaus, rien n’est plus comme avant. La région vivait de l’exploitation illégale du bois, aujourd’hui elle protège les arbres, grâce à un mécanisme de bourse-forêt qui a transformé la population de Tumbira en gardien des trésors naturels de l’Amazonie.
Tout est parti d’Isolda da Silva Guerra. Jusqu’à 11 ans, elle n’avait jamais connu une salle de classe. Pour fréquenter sa première école, elle a dû s’exiler à 6 heures de bateau de son village natal. Depuis, elle est devenue pédagogue, avec un postgrade en gestion de l’environnement. A 35 ans, elle revient à Tumbira dans le sillage de la FAS, la Fondation Amazonie Durable, qui gère un programme expérimental de « bourse-forêt ».
Six cents réais par an pour ne plus couper les arbres.
Chaque famille reçoit 600 R$ (350 CHF / 250€) si elle s’engage à préserver les arbres au lieu de les couper. 600 R$ annuels, c’est ce que recevait chaque bûcheron des entreprises clandestines qui abattaient la forêt illégalement jusqu’ici à Tumbira.
C’est le gouvernement de l’Etat d’Amazonas, en partenariat avec Bradesco, une des plus importante banque privée du Brésil Coca Cola qui ont fourni les fonds nécessaires au démarrage. 60 millions de R$ placés à long terme sur le marché financier, qui rapportent de quoi subsidier 6’325 familles ou 30’717 personnes de 540 communautés différentes.
Chaque famille, représentée exclusivement par la femme, signe un contrat dans laquelle elle s’engage à ne plus défricher sauvagement et à envoyer ses enfants à l’école. Les associations d’habitants fonctionnent comme intermédiaires et reçoivent 10% de la somme distribuée aux bénéficiaires de la bourse pour prix de leur travail. « Comme ça, les associations sont directement intéressées. Si une famille quitte le programme, elles perdent de l’argent. C’est une puissante motivation » explique Joao Tezza Neto, directeur technique du projet.
Ecole technique de conservation et exploitation durable de la forêt
L’argent du Fond sert encore à financer plusieurs initiatives dérivées, dont l’Ecole Technique de Conservation Forestière du Rio Negro qui va ouvrir ses portes dans quelques semaines et que va diriger Isolda da Silva Guerra, l’enfant revenue au pays. On y enseignera les techniques de préservation de la forêt et d’exploitation durable du bois. 80 jeunes de 12 à 15 ans la fréquenteront à mi-temps dans un premier temps, en alternance avec les cours qu’ils suivent dans les écoles publiques de l’Etat.
Et pour permettre à eux qui exploitaient illégalement le bois de retrouver du travail, la FAS a mis en place une structure d’exploitation durable labellisée FSC. « Sur les 500 hectares du noyau expérimental, il y a actuellement 200 arbres que l’on peut couper sans dommage » explique Roberto Garrido, président de l’organisation faîtière des associations d’habitants du Rio Negro. « Pour pouvoir être abattu, chacun de ces arbres doit être entouré d’au moins 2 autres de la même espèce. On les appelle le grand-père, la mère et la fille. Seul le grand-père peut être coupé. »
L’exploitation de cette réserve va rapporter 4’000 R$ supplémentaire par an à chacune des 25 familles qui a adhéré à ce volet du programme. Une fabrique de meuble de sao Paulo a déjà passé un contrat d’achat avec cette nouvelle unité de production durable de la FAS qui devrait entrer en fonction d’ici le mois de juillet.
25 juin 2010 at 13:00
Bonjour Monsieur Fontaine,
Votre article nous a tellement bien plu, que nous le recommandons à nos lecteurs depuis ce jour :
cf. http://www.lecolibri.org/2010/06/bourses-foret-pour-sauver-la-foret-amazonienne
Bien à vous
Eric